Des travailleurs des secteurs de la santé et de l’éducation affiliés à la FTQ se sont donné rendez-vous samedi devant les bureaux montréalais du premier ministre Legault, estimant que les négociations pour une nouvelle convention collective sont dans une impasse.
«Au début de la pandémie, le gouvernement a demandé aux syndicats si on pouvait négocier rapidement. On a répondu présent, on a mis la pédale sur l’accélérateur, mais malheureusement, nos vis-à-vis n’en ont pas fait autant», a tonné le président de la FTQ, Daniel Boyer.
En entrevue à l’Agence QMI samedi matin, M. Boyer a affirmé que la nomination de Sonia LeBel comme présidente du Conseil du trésor n’avait absolument rien changé à la table des négociations. Le syndicaliste déplore que le gouvernement Legault n’ait presque pas mis d’eau dans son vin depuis le dépôt de sa première offre, en décembre dernier, alors que les syndicats ont «fait plusieurs pas».
Sur trois ans, Québec propose aux travailleurs de la fonction publique des augmentations de salaire de 1,75% la première année, de 1,75% aussi pour la deuxième, et enfin de 1,5% pour la dernière.
La FTQ milite pour des indexations d’environ 2% chaque année, et des primes sectorielles.
«Il faut améliorer le taux de rétention, et ça, ça passe par une amélioration des conditions. Aujourd’hui, le régime de retraite et les travailleurs ont la possibilité de partir tôt à la retraite, ce qui est tout à fait normal, mais ils ne sont pas remplacés parce que nos jeunes ne restent pas», a insisté Daniel Boyer.
Selon la FTQ, qui représente essentiellement des travailleurs du réseau de la santé et des employés de soutien dans le milieu de l’éducation, leurs membres dans le secteur public gagnent un revenu annuel inférieur de 6,2% par rapport au privé.
Primes sectorielles
Si les négociations piétinent, le président de la centrale syndicale reconnaît cependant que le gouvernement Legault a mis en place quelques mesures dans les dernières semaines pour répondre au problème d’attractivité de certains corps de métier.
M. Boyer cite entre autres le prolongement des primes offertes aux préposées aux bénéficiaires, qui verront leur salaire passer de 20$ à 26$ l’heure.
«Pour le moment, par contre, ce ne sont que des primes. Un moment donné, on va se sortir de la pandémie et ces primes n’auront plus leur raison d’être», s’est inquiété Daniel Boyer, qui plaide pour que ces conditions favorables soient enchâssées dans les conventions collectives et qu’elles soient élargies à d’autres pans du secteur public en manque de main-d’œuvre, comme les services d’entretien dans les écoles et les hôpitaux.
Loi spéciale
Le dirigeant syndical espère toujours en arriver à un règlement le plus tôt possible, mais il ne serait pas surpris qu’une entente soit trouvée juste à Noël. C’est d’ailleurs ce qui était arrivé lors de la précédente négociation en 2015, sous le gouvernement Couillard.
Si les pourparlers ne débouchent pas sur un accord d’ici là, M. Boyer craint que le gouvernement Legault adopte une loi spéciale, à l’instar de ce qu’avaient fait en 2005 les libéraux de Jean Charest, une décision que les syndicats ont toujours en travers de la gorge.
«On est sensiblement devant le même scénario qu’à l’époque, devant des négociateurs qui ne veulent pas bouger», a laissé tomber Daniel Boyer.
Du côté du bureau de la ministre Sonia LeBel, on a toujours bon espoir de trouver un terrain d’entente avec les syndicats plus tôt que tard. Contrairement à la FTQ, on considère avoir déjà fait plusieurs compromis dans la plus récente offre, déposée en mai.
«J’invite maintenant les syndicats à faire rapidement de même avec leurs nombreuses demandes», a poursuivi Florent Tanlet, l’attaché de presse de la présidente du Conseil du trésor.